Profil d'un turc
de France ::
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1- Le jeune Turc
"classique"
Le
terme "classique" est certes "grossier"
mais révélateur. Nous avons
qualifié ce jeune Turc de "classique"
car il est majoritaire.
1.1. La copie parentale
Ce
jeune Turc est une copie presque parfaite
de ses parents. Comme il
est arrivé en France un peu âgé (entre 10
et 15 ans) il n'a pu suivre
une formation scolaire complète et satisfaisante.
Sa culture familiale
prime donc toujours dans son caractère et
ses jugements.
Il ressent un léger problème d'identité
mais ce n'est pas son souci
principal car il se définit comme pleinement
Turc, préserve son statut
d'immigré et pense même parfois à un retour
définitif dans "son pays"
qu'il connaît pourtant si peu.
En ce sens, il ne présente pas de problèmes.
Il est "stable": a un
métier, est marié à une Turque de Turquie
et a des enfants.
D'un point de vue culturel, comme ses parents,
sa préoccupation unique
est d'avoir une mosquée et d'envoyer ses
enfants à des études coraniques
dont il n'a pas bénéficié.
Sa femme, qu'il a fait venir du "village",
ne possédant pas les bases
grammaticales de sa propre langue se lasse
très rapidement
d'apprendre le français et se suffit dans
les commérages avec ses
voisines turques.
Il lui est acceptable d'avoir parfois des
relations extra-conjugales.
De niveau C.A.P. ou B.E.P. au mieux, il
a le turc comme langue usuelle.
Cependant, il parle un turc imparfait et
rural et un français erroné
avec un accent.
Quand il fait des études, son rêve est de
devenir garagiste,
chaudronnier ou boucher.
Ses rapports avec les Français sont limités
aux Français des classes
sociales défavorisées.
A la manière turque, il se plaît à leur
offrir des cadeaux en pensant:
"Kaz gelen yerden, tavuk esirgenmez!"
mais l'oie n'arrive parfois jamais
car le Français ne connaît pas ce proverbe
qui n'est pas de sa culture.
1.2. Le désorienté
Le
nombre de ce type de jeunes croît régulièrement.
Il est souvent
l'enfant d'une famille qui se désiste de
ses responsabilités
parentales. Ainsi, l'enfant grandit sans
le contrôle et l'autorité
suffisante de ses parents. Son orientation
scolaire, ses fréquentations
et ses agissements ne sont liés qu'à son
seul jugement.
Malheureusement, du fait de son jeune âge
et de son esprit malléable, ce
jugement peut avoir des conséquences néfastes
voire
extrêmement préjudiciables.
Manquant du soutien et des conseils de sa
famille, il bifurque
rapidement vers des études professionnelles
courtes. Dans le meilleur
des cas, il obtient son B.E.P, prend conscience
de sa situation et se
dirige vers le BAC Professionnel. Dans le
pire des cas, ses
fréquentations l'entraînent à fumer, à voler
voire à se droguer.
Généralement, il est né en France. Il ressent
un profond malaise
d'identité. Il est parmi ses "copains"
celui dont le prénom se prononce
bizarrement; parfois celui qui est typé.
Ses copains sont issus des
H.L.M. tout comme lui.
Tout sur lui a une marque mais lui n'en
a pas!
Il ne connaît que très grossièrement la
culture turque. Il parle
usuellement le français. Malheureusement
son français est "HLMard" et
insuffisant. Son turc est limité.
Il se sent toujours trop jeune pour se marier.
D'ailleurs, avec qui
veut-il se marier? Peut-être une Française?
Il ne sait pas.
Souvent sous l'influence familiale et communautaire,
il consent à se
marier durant l'été en Turquie. De retour
en France, une fracture
culturelle avec son épouse s'opère rapidement
car cette "paysanne" ne
vit pas en France depuis vingt ans comme
lui. Elle ne connaît pas la
langue et le mode de vie français; pourtant,
elle le respecte et obéit
car elle a été ainsi conditionnée.
Lui veut autre chose car il a été conditionné
ainsi!
Ils ne se comprennent plus!
Il n'a pas d'ambitions, on ne lui a pas
appris à réussir. Il ne sait pas
ce qu'il deviendra. Il vit, il va en discothèque,
il boit, il fait des
"boulots" saisonniers, il se marginalise.
En résumé, il est le plus "égaré"
donc le plus à risque.
2- Le jeune
Turc "étudiant"
Il a su être clairvoyant et comprendre que
la réussite et l'intégration
passaient par les études, si possible longues.
Il est celui qui a le
mieux su profiter de ses deux cultures.
Souvent, il a bénéficié du soutien et de
l'intérêt continuels de ses
parents, qui eux aussi avaient compris le
rôle primordial des études
dans "La Réussite". Eux sont ouvriers,
leurs enfants ne le seront pas!
Ils n'ont pas pu les guider pour l'orientation
scolaire car ils ne
savaient pas; mais les ont toujours suivis
Ce jeune aussi souffre d'un originel problème
identitaire. Ce problème a
atteint son apogée durant ses années collège
et lycée. Il découvrait les
plaisirs de ne pas être totalement "comme
les autres" et le comportement
des autres vis-à-vis de "sa différence"!
L'université le rend plus adulte, efface
ses complexes; et pourtant il
se demande où sont passés les autres étudiants
turcs. Y en a-t-il? Il
aimerait tant en rencontrer mais en vain!
Devant le manque d'intérêt et la façade
glaciale des représentations
diplomatiques turques en France vis-à-vis
des étudiants turcs en
particulier et de tous les Turcs en général,
il se fait une raison et
continue dans sa solitude.
Il se sent patriote mais prend conscience
aussi qu'il est en réalité "un
peu" français. Sa culture familiale
est turque mais il est également
cartésien comme un Français. Il ne tarde
pas à se définir comme
franco-turc (ou turco-français, sans vouloir
faire la distinction).
Il parle et écrit un français des plus corrects,
son turc cependant est
imparfait et limité. Mais, il fait des efforts.
Il est plus à l'aise en
français.
Ambitieux du fait de ses origines modestes,
il a des idées et des
projets mais il est seul.
Il fréquente des Français de son niveau
mais il en fréquente peu.
Il connaît et admire les relations chaleureuses
entre Turcs, donc ses
fréquentations restent essentiellement turques:
il n'a pas besoin de
prendre rendez-vous pour aller boire une
tasse de thé chez une famille
turque qui l'accueillera même à l'improviste
avec beaucoup
d'hospitalité!
Son éternel problème reste le mariage. Il
aimerait rencontrer une
étudiante turque, mais il n'y en a pas!
En tout cas pas dans sa
région.En effet, il pense qu'il peut avoir
plus d'affinités avec
quelqu'un de sa situation donc une Franco-Turque
étudiante.
Parfois, il est marié à une Française.
Et parfois, il fuit la communauté turque!
Remarque:
L'étudiant turc venu en France pour ses
études supérieures est
totalement hors sujet.En effet, c'est un
jeune Turc EN France et non un
jeune Turc DE France!
3- La jeune
Turque de France
L'statement
"jeune Turc" regroupe les deux
sexes. Donc les descriptions
précédentes concernent également la jeune
Turque de France. Cependant,
il est important de noter certaines réalités
qui lui sont propres.
Tous les problèmes précédemment cités sont
amplifiés dans le cas des
jeunes filles. La culture islamique rurale
des familles ne va pas sans
peser sur les épaules des filles.
Ainsi, les parents sont réticents à l'égard
des études pour leurs
filles:"Qui sait ce qu'il peut arriver
et en plus à quoi ça servirait?"
Trois cas se présentent:
1er cas- La Clairvoyante (ou la solitude
dans la réussite culturelle)
La jeune fille, peut-être parce qu'elle
a été correctement et
honnêtement conditionnée, se montre "raisonnable"
et décide ses parents
à la laisser faire des études. Elle en fait
et réussit.
Cependant, ses soucis commencent lorsqu'elle
atteint l'âge nubile.
Elle ne peut se faire à l'idée "d'importer"
un compagnon "du village".
De plus, il n'y a pas de Turcs de son niveau
culturel dans son
entourage. Pire, s'il y en a, étant fille,
elle ne peut aller "demander
leur main!" Que faire?
2ème cas- La Traditionnelle (ou le conditionnement
familial réussi)
La jeune fille, toujours en raison de son
éducation et du
conditionnement communautaire, consent et
ramène un mari turc en France.
En fait, il ne se pose pas trop de problèmes
car la jeune fille a
totalement vécu, tout en étant en France,
comme si elle était dans son
village.
3ème cas- L'insurgée (ou la naïveté véhémente)
La jeune fille à cause de son jeune âge
et du manque de suivi et
d'intérêt familial se laisse aller et fuit
la communauté turque,
prétextant plus de liberté, une vie "à
l'occidentale" et son
indépendance. Le pire est alors à craindre!
4- Le jeune
Turc issu du regroupement familial
Il
est arrivé en France car il a épousé une
jeune Turque de France. Son
cas ne sera pas approfondi car hors sujet,
même si son
nombre augmente.
Il présente souvent les mêmes caractéristiques
que le jeune Turc
"classique": copie parentale.
Les Turcs l'appellent "ithal damat".
5- En général
Le
jeune Turc de France n'a plus d'espoir en
ses représentants
diplomatiques qu'il ne voit jamais, souffre
d'un problème identitaire et
ne se reconnaît plus dans la façon de vivre
et les problèmes de ses
parents.
Ses représentants diplomatiques ne lui ont
jamais rien apporté (en tout
cas, il le pense); pire il ne les a même
pas vus une seule fois. Il
pense que ce sont des bureaucrates péroreurs.
Turc ou Français? Il ne sait pas! Il se
sent victime du biculturalisme:h
sa double identité, sa double appartenance
culturelle sont ses fardeaux.
Il ne se reconnaît pas dans l'attitude "des
adultes" de sa communauté:
-les querelles régionales pimentées.
-leur humeur qui devient rapidement colérique
au moindre problème.
-etc...
En fait, l'immigration a créé une communauté
de personnes: une
population qui n'est ni turque, ni française,
donc qui a
ses problèmes spécifiques.
A lalecture de cet article, vous avez
sans doute reconnu quelqu'un de votre entourage,
voir peut-être vous même..
Amicalement...
Kérim KEMENCE